Le 8 juillet 2020, j’achevais mon Journal de l’épidémie par cette constatation assortie d’un doute :
“A Paris, la danse macabre a pris fin, même si ce n’est que partie remise. Je termine ici ce récit de l’épidémie qui a suspendu pendant près de quatre mois le temps de notre vie, le rendant mou et incertain, et qui a transformé en contact virtuel toute relation familiale ou amicale…”
Nous étions rentrés de Florence et sur le point de partir en Bretagne où des “clusters”, comme on dit aujourd’hui, seraient bientôt signalés à Quiberon. Mais l’épidémie semblait s’éteindre et personne, à la pointe du Raz, ne portait de masque.
Et c’est ainsi que l’été a commencé, sur des plages semi-désertes, à Sainte-Anne-la-Palud, puis à Belle-Île, avec un petit rappel débonnaire, sur le ferry, de porter le masque réglementaire. L’épidémie avait gagné les États-Unis et le Brésil. Les Français ou les Belges s’en moquaient bien.
Et la vie a repris, à Paris au mois d’août. La rue de Rennes aussi vide que durant le confinement. Comme tous les étés, nous déjeunons au Flore, aux Deux Magots, au Vesuvio. Avec ou sans masque. Les tables un peu plus espacées. Les touristes moins nombreux. C’est le moment où Paris se donne des airs de sous-préfecture.
Puis, très vite, trop vite, il a fallu déchanter. Le virus n’était pas parti pour l’Amérique. Il était encore bien là. Les Cassandres triomphaient. On nous l’avait bien dit. La deuxième vague arrivait droit devant.
Il était temps de reprendre la plume et ce livre de bord.
Extrait de Journal d’une endémie.
