Après-coup…

La présidence de Jupiter, son mépris du peuple et de la démocratie, la répression policière violente des manifestations des gilets jaunes et l’occasion inespérée de mettre en oeuvre des mesures liberticides au nom de l’urgence sanitaire ont pavé une voie royale au Rassemblement National.

N’espérons pas que Macron tire les bonnes conclusions de ces folles élections. Sa vanité trouvera au contraire une profonde satisfaction à l’effondrement des pronostics du RN. Il s’en glorifiera comme si c’était sa victoire et son dessein, sans admettre que le front républicain décidé par le Nouveau Front Populaire en est seul responsable.

La seule réponse de Macron à l’inflation, au déficit budgétaire, à la paupérisation de la classe moyenne et du monde ouvrier a été la fuite en avant typique des « tyrans grotesques » analysés par Michel Foucault : la guerre. Son langage martial, ses attitudes, poings serrés, mâchoires crispées, ses rodomontades, sa mise en scène lamentable de boxeur, ses fastes à Chambord et Versailles évoquent de fâcheux précédents. L’utilisation politique des Jeux Olympiques éveille elle aussi de tristes résonnances.

Hélas, il est peu de voix qui soient capables de rassembler la nation sans que leur mégalomanie ne les aveugle. La manière dont Mélenchon a traité des Insoumis des débuts le discrédite : il est, lui aussi, réfractaire à toute forme de coalition gouvernementale. J’apprécierais Glucksmann s’il n’avait jugé opportun de s’afficher avec le maire de Kiev.

Le retour de François Hollande à l’Assemblée Nationale au sein du NFP est peut-être une solution de compromis digne d’attention…

O tempora, o mores…

Droits devant !

Aux armes, citoyens !

Le résultat désastreux du premier tour des élections législatives n’est pas surprenant : cela fait au moins 4 ans que j’estime qu’ E. Macron pavait la voie à Marine Le Pen. Mon analyse reposait sur les éléments suivants :

1. Le “front républicain”, le “cordon sanitaire” était de moins en moins opérant depuis une vingtaine d’années, en particulier depuis la présidence de N. Sarkozy. Une fraction significative des “Républicains” se distinguait de moins en moins, idéologiquement, du Rassemblement National, la version soft, “dédiabolisée”, du FN. Le ralliement de Ciotti au RN en est la preuve.

2. E. Macron incarne ce que Michel Foucault a décrit comme “le tyran grotesque” : narcissique, mégalomane, se pavanant à Chambord et Versailles, exerçant un pouvoir exécutif méprisant le législatif et servi par la Constitution bonapartiste de la Vème République, recourant continuellement à un langage martial souvent vulgaire, et gouvernant depuis deux ans, par l’intermédiaire d’E. Borne, à coups de décrets 49.3. Le pire : une posture belliciste, se proposant de fournir à l’Ukraine missiles, Mirages et instructeurs, traduisons des soldats, et risquant une extension du conflit plutôt que d’oeuvrer à sa résolution.

3. Les revendications des “gilets jaunes” ont été violemment réprimées par un appareil policier qui n’a rien à envier aux régimes totalitaires et l’épidémie de Covid a fourni l’occasion inespérée de tester toutes les mesures suspendant les libertés démocratiques: état d’urgence, confinement, limitation des déplacements, attestations “dérogatoires”. Les manifestations ont été étouffées et avec elles, la voix du peuple.

4. Sur le plan économique, l’inflation et le coût de la vie ont frappé durement une population précarisée voire prolétarisée. Or, le parti socialiste français, à la différence du PS belge, n’a plus depuis longtemps d’implantation populaire. Parti d’énarques, il ne connaît plus “l’odeur du peuple”. La présidence de F. Hollande a, à cet égard, été calamiteuse. Faut-il souligner que Macron vient du PS et que son mouvement, la République en marche, fut rejoint par nombre d’élus socialistes. Résultat : la quasi – disparition du PS lors de la dernière présidentielle (Hidalgo faisant un score de 2 %) mais surtout l’adhésion de la classe ouvrière au RN, car, ne l’oublions pas, les mouvements fascistes ont aussi une corde sociale, Mussolini en étant le parfait exemple.

5. Et c’est dans ce contexte que Macron, dans le singulier aveuglement de sa suffisance, a décidé une dissolution qui met le RN aux portes du pouvoir, trois ans avant une présidentielle qui aurait probablement vu la victoire de M. Le Pen.

Et la suite ?

Une majorité pour le RN. Absolue, et Bardella est à Matignon. Relative, et Ciotti est premier ministre. Brandissant le spectre de la guerre civile, la promulgation d’un nouvel état d’urgence ?

Nous n’attendrons pas…