Nouvelle vague…

La nouvelle vague, quand j’avais 15 ans, c’était Truffaut, Godart, Rohmer, Resnais. C’était le beau visage de Delphine Seyrig, d’Anna Karina, de Jean Seberg. On parlait aussi du “nouvau roman”, de la “nouvelle cuisine”…

Aujourd’hui, la nouvelle vague, c’est celle du variant delta qui déferle après l’Inde sur l’Europe et les USA. Elle touche majoritairement les “jeunes”, y compris les formes graves. Dans leur quasi-totalité, ce sont des gens non vaccinés. Sans surprise, en France, ce sont surtout les départements du sud qui sont les plus touchés à la faveur des rassemblements estivaux. En Amérique, les États républicains. Les hôpitaux y sont à nouveau saturés. 

Cela n’empêche pas les manifestations contre la vaccination et le “passe” sanitaire de prendre de l’ampleur, chaque samedi, non seulement à Paris mais dans toute la France. Des “vaccinodromes” et des pharmacies sont vandalisés. Parmi les aberrations des antivax : le vaccin serait une thérapie génique, il modifierait l’ADN, il ne sert que les intérêts de l’industrie pharmaceutique, les médias sont corrompus, les informations sont fausses, et, bien entendu, les plus virulents accusent les Juifs d’être derrière la pandémie. Et sur les réseaux sociaux, les méthodes des pro-Raoult : harcèlement en ligne, insultes, menaces…

Ce n’est pas seulement la fausseté et l’imbécillité de ces arguments qui interpellent, car, après tout, la bêtise humaine n’est pas une surprise. C’est surtout l’égoïsme, le “self-interest” (épinglé dans le “New Yorker”) de ces abrutis. Leur refus de la vaccination prévient une immunité collective, a pour conséquence une reprise épidémique et favorise l’émergence de souches mutantes, de plus en plus contagieuses et virulentes.

Et pendant ce temps, les barbares reprennent Kaboul. Triompher des USA ne pourra que galvaniser Al Quaeda au Sahel, au Mali, au Niger, sans oublier les fanatiques, isolés ou non, ici en Europe Occidentale, qui se sentiront confortés dans leur refus de nos valeurs et prêts à assassiner n’importe quel passant en beuglant le nom d’Allah.

Paris, rue de Sèvres © Luc Mary-Rabine

5 réflexions sur « Nouvelle vague… »

  1. Juste une interrogation : « Leur refus de la vaccination … favorise l’émergence de souches mutantes, de plus en plus contagieuses et virulentes » est en fait contraire à la règle générale qui veut, darwinisme « oblige », que les souches mutantes d’un virus ont tendance à être de plus en plus contagieuses, mais de moins en moins virulentes. Sauf, peut-être, si ces souches mutent en période de vaccination intense où seules des souches très virulentes pourront se maintenir. Je reste pour ma part favorable à l’idée que et le confinement et la vaccination auraient dû être réservés aux populations à risque. Les personnes non à risque se seraient immunisées naturellement, donc plus efficacement (car l’immunisation se serait développée contre diverses propriétés du virus et non contre une seule de ses protéines) et bien plus rapidement (sans attendre la mise au point d’un vaccin), limitant ainsi au maximum l’apparition de variants.

    1. Je ne peux qu’approuver ton commentaire. Le confinement a eu des conséquences dramatiques sur le plan économique, social, médical et ne fut imposé que pour pallier à l’insuffisance des capacités hospitalières.

  2. « Nouvelles vagues », c’est encore le titre donné à la Xe Biennale de Photographie en Condroz. Une édition entre art et patrimoine qui prend fin ce dernier week-end d’août. Beaucoup de talents au rendez-vous (je le signale en passant sur ce blog, merci pour votre hospitalité !)

  3. Merci pour ce retour aux vagues des années 60 dont l’inénarrable nouvelle vague italienne !Dans ce fatras d’antis remettant en cause les menaces de la prochaine vague…. il y a beaucoup de bêtise, de paranoïa -celle d’abandonner son corps à un agent extérieur – de rage contre le pouvoir d’en-haut, etc… Mais il ne faudrait pas écarter à travers la rogne des antis la volonté de laisser sa place au doute Le doute, provoqué par un manque de clarté et l’échelonnement désordonné de mesures sanitaires contradictoires… On ouvre les terrasses, les musées, les cinés, tout le monde se précipite puis quelques semaines plus tard on exige un pass-sanitaire pour boire une bière, parce que la population n’est pas suffisamment responsable. Il faudrait que le doute change de camp pour revenir à une situation apaisée. Douter de notre surpuissance pour éradiquer ce satané virus afin que chacun sache prendre individuellement ses responsabilités.

  4. Une photo de manifestants … dans le droit fil des films italiens, ceux de la nouvelle vague ?, ceux du néo-réalisme d’alors? Dans le regard du photographe sur la réalité du jour, oui, certainement, avec le même talent. Mais dans l’objet de la photographie, le renversement de l’image. Les porteurs de l’utopie du bien de tous se sont effacés, évincés, anéantis par la réclamation de “mon bien” et que l’autre crève, de “ma liberté” et qu’elle éjecte les droits des autres.
    Une photo qui hurle sa différence. Cette photo, c’est le poids de la société d’après la nouvelle vague.
    Salut l’Artiste

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