L’épidémie sert de révélateur aux maladies graves de nos sociétés : l’égoïsme, le chacun-pour-soi, entre nations comme entre individus, la négation de la mort en terme naturel de l’existence, l’appétit de pouvoir et ses excès, le complotisme, la primauté du profit immédiat, l’absence de planification sur le long terme, l’insuffisance des crédits alloués aus soins de santé et à la recherche universitaire.
Mais elle en illustre aussi les avancées scientifiques : le séquençage du virus, la détection de ses mutations, l’élaboration de divers types de vaccins. Elles sont permises par le profit qu’escomptent les firmes pharmaceutiques dans les sociétés capitalistes et par les gains politiques qu’attendent les ex-états communistes, Chine ou Russie. La recherche pour elle-même ou pour le progrès ou la connaissance n’existe plus. L’Institut Pasteur, faute de moyens, n’a pu mettre au point de vaccin…
L’épidémie est aussi fascinante sur un plan strictement biologique : l’adaptabilité du virus aux récepteurs humains, ses mutations d’acides aminés accroissant sa contagiosité, sa résistance aux molécules anti-virales testées jusqu’ici, l’évolution darwinienne de la pandémie. Je ne peux m’empêcher de faire le rapprochement avec les néoplasies et les mécanismes dont elles échappent aux défenses de l’hôte et aux médications utilisées.
La disparition de l’humanité fut le grand thème de la Scifi américaine des années cinquante, de Philip Dick à Ray Bradbury. Elle était généralement assignée à la guerre thermo-nucléaire. Plus récemment, l’hypothèse d’une sixième extinction a été avancée. Les perturbations de l’environnement – déforestation, acidification des océans, pollution -, la disparition de la biodiversité, l’épuisement des ressources naturelles de la planète et une natalité humaine incontrôlable rendent ce scénario apocalyptique vraisemblable sinon probable.
Mais une pandémie dont la létalité ne serait pas de 1-2 % mais de 60 à 70 % porterait un coup sévère voire fatal à notre société. C’est ce qui, mutatis mutandis, s’est déjà produit dans le passé : la peste aurait eu pour conséquence la chute de Constantinople et la décadence irréversible de Venise. La mondialisation n’épargnerait personne.

Hélas
Meme Postumus n’est plus heureux
… Mais que ta photo est belle.